Par hasard, je suis tombée sur ce livre lors d'une foire aux livres.
J'aime cette quête, différente de celle que l'on fait lorsque l'on franchit les portes d"une librairie.
D'abord on se penche sur les tables jonchées de livres, qui ne sont pas neufs, et qui attendent ici qu'on les adopte pour une seconde vie.
Ensuite, je fais place à mon intuition.
Un coup d'oeil sur la couverture, un autre sur le verso, histoire de lire le résumé.
Et ça suffit généralement.
Je ne me trompe pas, contrairement aux fois où je demande conseil au libraire, qui n'est pas moi, et qui choisit des ouvrages selon ses coups de coeur (et qui sont rarement les miens).
En plus, l'achat de livres d'occasion n'est pas un gros risque, face à la crise, c'est bon à prendre.
N'importe quelle lycéenne serait au comble de l'excitation, mais Maria éprouve une curieuse absence d'émotion.
"Jamais elle ne se disait, quand elle était heureuse : " C'est ça, le bonheur ", et jamais donc elle ne l'identifiait comme tel au moment où elle le vivait. Ce qui ne l'empêchait pas de penser, quand elle ne le vivait pas, qu'elle avait une idée très claire de ce qu'il recouvrait. " Maria n'est donc véritablement heureuse que lorsqu'elle pense au bonheur à venir. Parce que sa vie est une succession de hasards, elle a décidé d'être indifférente à tout.
L'amitié ? Elle en trouve le concept difficile à saisir.
L'intimité entre deux êtres ? " Une communion poisseuse ".
L'amour ? " Je sais que l'amour n'est pas ".
Le sexe ? Elle voit dans les désirs sexuels " le symptôme d'un désir beaucoup plus vaste, d'une terrible solitude, d'une aspiration à l'oubli de soi ".
Les études ? Si elle est studieuse, elle fait partie d'un petit nombre d'étudiantes " dont la présence dans l'enceinte du campus était jugée, pour diverses raisons, néfaste à la bonne santé de la communauté universitaire ".
Les années passent, Maria enchaîne les désillusions.
L'écriture de Jonathan Coe déborde de cette élégance et de ce flegme qui n'appartiennent qu'aux plus grands.
Bouillant, inventif, rigoureux.